Hippocrate décode

Comprendre ensemble la santé de demain !

Quel rôle pour les CPTS (ou les équipes de soins primaires) dans la gestion de la crise Covid-19 ?

Communautés Professionnelles Territoriales de Santé

Les Communautés Professionnelles Territoriales de Santé (CPTS), organisations de coordination des soins primaires sur les territoires, peuvent piloter la création de centres dédiés Covid-19 en ville pour structurer le parcours des patients malades du coronavirus en amont de l'hôpital. 

Partage d’expérience : Gestion de la crise Covid-19 en Occitanie par la mise en place de centres de consultations dédiés, par Magalie Bessiere infirmière et Coordinatrice de CPTS

Par exemple, en Occitanie, quelques CPTS très dynamiques ont proposé, en coordination avec l’ARS et l’Ordre des médecins, de mettre en place des centres de consultations dédiés aux patients Covid-19 (dans le Sud Tarn, à Toulouse..).

Les lieux retenus sont des Maisons des Jeunes et de la Culture (MJC), qui ont été réorganisées pour accueillir des patients en consultation de ville (pas de lit).

Dans d’autres régions, des Maisons de Santé Pluri-professionnelles, des cabinets de groupes ou des centres de santé ont été retenus pour constituer ces centres dédiés, avec l’appui des fédérations professionnelles et des URPS.

Quelle organisation des centres de consultations dédiés CoVid-19 ?

Des médecins généralistes du territoire, sur la base du volontariat, assurent des demi-journées ou journées de consultations. En Occitanie, c’est le conseil de l’ordre des médecins et l’URPS qui ont mobilisé les praticiens libéraux du territoire. (La mobilisation importante des praticiens a permis de remplir l’agenda médical sans difficulté). Le planning médical, la coordination entre les centres Covid-19 et les affectations sont assurés par la coordinatrice.

A l’arrivée des patients, une infirmière libérale « régulatrice » (là aussi mobilisée sur la base du volontariat, par demi-journée ou journée) oriente les patients. Cette même infirmière est chargée de rappeler les malades vus précédemment en consultation, à J+2, J+7, J+10 et J+14 pour assurer leur suivi.

En accord avec les médecins et selon les informations recueillies, elle pilote également la suite à mettre en place auprès du patient : « télésoin » avec une IDEL, téléconsultation avec un médecin, passage d’une infirmière libérale à domicile, voire hospitalisation si besoin.

A ce jour, la CNAM a libéralisé les nomenclatures de soins jusqu’au 30 avril dans le cadre de l’urgence sanitaire, afin que l’ensemble de ces actes puissent être côtés par les médecins et infirmiers, qui pourront être payés 100 % en tiers-payant, indépendamment du parcours de soin médecin traitant (au 23/03/2020).

La désinfection des locaux et salles de consultations est un point important, à ne pas négliger dans la mise en place des centres dédiés. En Occitanie, elle a fait l’objet d’une contractualisation avec une société spécialisée.

Quelle traçabilité des données patients vus en centre dédié CoVid-19 ?

L’ensemble des informations des consultations est tracé dans le système d’information ORU (Observatoire Régional des Urgences en Occitanie, mis en place par le GIP Santé), auquel les professionnels de santé accèdent grâce à leur numéro RPPS ou Adeli. Cela assure la traçabilité et l’historique des données du patient, notamment en cas d’hospitalisation ultérieure.

Les freins à la mise en place / les points de vigilance au 23 mars

Les principales difficultés rencontrées concernent les points suivants :

  • Le problème majeur reste l’approvisionnement en matériel de protection : masques, mais aussi et surtout sur-blouses, sur-chaussures, charlottes, gants…En Occitanie, La coordinatrice des CPTS a assuré le ramassage de ce matériel auprès des charcuteries du secteur, ainsi que la distribution sur les sites concernés. C’est le système D, et la solidarité des entreprises locales et des mairies est une réalité précieuse.
  • La coordination des infirmières libérales peut s’avérer complexe : un annuaire à jour des professionnels de santé et de leurs représentants sur le territoire est un outil plus que jamais indispensable.
  • La gestion des déchets DASRI (déchets médicaux à risque infectieux)  et leur évacuation suite aux visites des infirmières libérales aux domiciles de patients infectés CoVid-19 risque de vite devenir complexe. C’est un sujet à traiter localement avec les entreprises spécialisées pour trouver les solutions ad hoc.
  • Enfin et malheureusement, la question des soins palliatifs à domicile risque de se poser rapidement, avec la difficulté de trouver des infirmières formées qui acceptent d’accompagner la fin de vie de patients CoVid à domicile.

Si plusieurs points sont encore à affiner, le modèle des centres de consultations dédiés aux patients Covid-19, piloté par les CPTS peut être une solution à la prise en charge en ville de ces patients. Cette crise sanitaire sera aussi certainement l’occasion, pour certaines CPTS, d’accélérer leur mise en œuvre et de démontrer opérationnellement leur valeur ajoutée sur le terrain, pour les patients comme pour les médecins et infirmiers libéraux, en lien avec l’hôpital.